La création du monde, Jean d'Ormesson

Dieu parlant à l’homme :

« La mort. Les parents meurent. Et, pour être plus sûrs de mourir après – ou avant – les parents, les enfants se hâtent de devenir parents à leur tour. La vie est aussi la mort. Et peut-être est-elle d’abord la mort. Vivre, c’est commencer à mourir. Les vivants meurent parce qu’ils vivent et ils se reproduisent parce qu’ils vont mourir. Ils vivent pour mourir et ils meurent parce qu’ils se reproduisent. Entre le sexe et la mort, j’ai noué des liens si étroits qu’ils éclairent d’une lumière sombre tout ce qui se rapporte à la vie. La vie est faite pour mourir et, sous d’autres espèces au moins, pour renaître de la mort. Pour quelque temps encore, le triomphe de la vie ne cesse de se combiner au triomphe de la mort. » p. 130

« L’homme ne cesse de vivre dans l’agonie du présent. » p.152

« Se succèdent et peut être s’opposent deux déroulements différents et qui ne coïncident pas : d’un côté, la suite des événements qui se succèdent et se bouscule sans fin et dont je suis seul à connaître la multiplicité et la complication infinies ; de l’autre, le choix plus ou moins arbitraire que tu opères parmi eux, leur classement par tes soins et le récit que tu en faits et que vous osez appeler l’histoire. » p. 164

« Tu es peut-être libre, oui, sûrement tu es libre. Mais l’histoire ne l’est pas ! » p.169

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[L'auteur]

Photo prise par Elodie le 11 mars 2007.