Liberté, égalité et harmonie.
Le marxisme, le libéralisme et le développement
durable symbolisent, à mon avis, les trois utopies extrêmes du genre
humain : l’égalité, l’harmonie et la liberté. Qui dit utopie, dit
inadéquation avec les contingences d’un monde politique trop réel. Ces trois
voies se sont sans doute toujours affrontées. (Et ce n’est pas la lecture du
Cycle des Dieux de Bernard Werber qui va m’en dissuader !)
Ces trois grandes pensées peuvent sans doute
s’adapter à tous les types de régimes : tyrannie, oligarchie, despotisme,
démocratie, aristocratie, etc. Je ne vais pas ici faire l’inventaire des
différents cas de figure : concentrons-nous sur la démocratie ;-)
Le système marxien s’est vite transformé en
communisme. Avec lui, sont vite apparues toute une série d’incohérences liée à
l’adaptation d’un système purement idéologique vers un choix d’une société dans
sa globalité. On a très vite vu s’ériger en maître des privilégiés. Les
systèmes de planification poussés à l’extrême ont échoués et déclenchés des
famines. Le « peuple » a eu tôt fait de retrouver ses réflexes de
marché noir. Le beau système marxiste démocratique a vite dérivé vers une
tyrannie, ou tout du moins vers une oligarchie.
Le libéralisme était au départ basé sur les
libertés. Il a bien vite fallu les restreindre pour ne pas aboutir à la loi de
la jungle. Le principal motif des réformes a donc sans doute toujours été la
sécurité, à commencer par la sécurité sociale. Il suffit de regarder l’argent
généré par les assurances aujourd’hui, et leur pouvoir d’influence sur les
processus décisionnels. Ce régime politique entraîne aussi une surconsommation
de la publicité et une recrudescence de la manipulation des masses :
l’important est de persuader (sentiment), pas de convaincre (raison) !
Celui qui détient les médias devient donc vite le nouveau despote d’une société
transformée.
Il semble qu’on soit en train de vivre un
retour du développement durable, c’est-à-dire de l’harmonie du social, du
culturel, de l’environnement et de l’économie. C’est l’utopie que j’affectionne
le plus, mais ça reste une utopie. S’inspirant de l’histoire du peuple russe,
on peut sans doute conclure que passer trop vite d’un régime à l’autre aura
vite fait de le détruire complètement. Ici, force m’est de constater qu’on
dispose de peu de données historiques pour comprendre ce que peuvent être les
implications de l’application d’une telle pensée dans la société. Si c’est
l’utopie qui me plait le plus, c’est peut-être simplement parce qu’elle est la
plus fragile, parce que tout la menace, y compris ses adorateurs
inconditionnels qui l’auraient mal comprise !
Une chose est certaine : l’histoire ne
s’est pas construite à coup d’harmonie, mais bien de tyran, de violence, de
lutte de pouvoir et d’influence, de force, d’attaque et de riposte. De même, le
mot d’ordre de l’humanité n’a jamais véritablement été la liberté ou l’égalité.
Elle s’est bâtie grâce aux aspirations d’individus influents sur la société de
leur temps. L’histoire ne s’est pas faite d’idées mais bien d’hommes avec tout
ce que cela comporte tant en bestialité qu’en noblesse de l’âme. On ne peut pas
juger. On doit cependant remarquer que l’idéal n’est pas de ce monde, qu’il
soit collectif (égalité, liberté ou harmonie) ou simplement individuel (égocentrique,
fraternel ou raisonnable).
On ne peut hélas pas tout lier, il faut donc
faire un choix, ou simplement tenter de construire un difficile compromis entre idéologies rivales.